Capter, stocker et bientôt valoriser le CO2, de nouvelles idées originales et innovantes se développent autour du marché de la captation carbone. Des projets prometteurs qui permettraient d’étendre encore les solutions pour diminuer nos émissions de gaz à effet de serre.

Les technologies CCUS (CO2, Captage, Utilisation, Stockage) permettent de réduire les émissions de GES, en les captant par enfouissement, par filtrage ou encore par recyclage et réutilisation de ces gaz.  

La marche est lancée, le Strategy CCUS piloté par le BRGM aussi. Le Bureau de Recherches Géologiques et Minières donne le ton dès mars 2019 avec ces 17 partenaires. Le plan d’envergure Strategy CCUS vise à développer la filière de la captation carbone géologique en Europe. Huit Régions européennes sont concernées pour étudier le stockage souterrain du CO2 : en France, au Portugal, en Espagne, en Grèce, en Roumanie, en Croatie et en Pologne. Le but final de ce projet ambitieux est d’ouvrir la voie aux CCUS et donc, à la captation carbone géologique avec en ligne de mire les Accords de Paris pour la compensation carbone.  

Les technologies de CCUS s’installent déjà dans l’industrie pétrolière et notamment celle des hydrocarbures. Par exemple, la captation carbone est nécessaire pour éviter la formation de glace carbonique dans les camions-citernes transportant le gaz naturel. Cependant pour les plus petites structures, l’aspect économique reste un frein. Les CCUS servent déjà à capter le CO2 en sortie d’usine et à l’enfouir dans le sol selon différentes façons. Jusqu’alors, cet envoi dans le sol se faisait par voie gazeuse et sans garantie de colmatage. Mais l’innovation perdure et de nouvelles technologies voient le jour.  

L’ambition de Climeworks est d’inverser le changement climatique en aspirant le CO2. Avec 14 installations de captage dans le monde, l’entreprise prétend que sa technologie “capture le CO2 directement de l’air pour être soit recyclé et utilisé comme matière première, soit complètement éliminé de l’air en le stockant en toute sécurité”.

Climeworks avait déjà la capacité d’absorber le CO2, mais grâce au projet CarbFix, l’entreprise suisse peut maintenant l’enfouir en sécurité.

Le principe de de CarbFix est de capter le carbone, de le mélanger avec de l’eau douce afin de l’enfouir à haute pression en sous-sol, ce qui le transformera en roche en deux ans seulement. La minéralisation du carbone prendrait des milliers d’années en laissant la nature œuvrer seule. CarbFix s’essaie pour le moment en Islande et à déjà injecté plus de 67 millions de tonnes de CO2 depuis 2014 (chiffré en avril 2021). Transformé en roche stable rapidement et non transmis sous forme de CO2 pur, cet enfouissement permet d’éviter la saturation du sol en gaz. Nécessitant des quantités d’eau douce importantes, des essais avec de l’eau de mer sont prévus en 2022. Ainsi, le système, peu coûteux et stable, pourrait s’exporter aux quatre coins du globe.  

Pour éviter de réinjecter le CO2 uniquement dans le sol, certains industriels pensent au béton “vert”. Cette nouvelle méthode de réutilisation du gaz consiste à injecter le CO2 dans les granulats de béton au moment de la fabrication. À l’origine du process, le projet de recherche FastCarb qui, pour le moment, s’implante à l’essai dans quelques usines des groupes Lafarge, Eiffage, Clamens ou encore Vicat, partout en France. D’après FastCarb, la production de ciment est une source importante de CO2 dans le monde : de 5 à 7% des émissions totales.

En plus d’enfouir le CO2 en sous-sol ou dans du béton, d’autres industriels visent un recyclage du CO2 en carburant, en plastique ou encore en cosmétique. Le magazine Science&Vie parle même du CO2 comme d’une future “matière première”. Quitte à émettre trop de CO2, autant profiter des technologies CCUS pour utiliser et valoriser les stocks.

D’autres projets commencent à émerger pour valoriser le moindre espace et contribuer à la diminution des émissions de CO2. Arbres artificiels, aspirateurs à CO2 ou encore filtres directs, les scientifiques se creusent les méninges pour développer de nouvelles idées de puits de carbone. Toutefois, il reste encore à réduire les coûts de ces nouvelles technologies qui n’en sont qu’à leurs balbutiements et prendront encore des décennies avant d’entrer dans le paysage industriel mondial.   

Émettre moins de CO2 et trouver des projets de puits de carbone à financer, même aux plus petites échelles, reste une solution des plus efficaces. Certes, tout le monde n’est pas Elon Musk et ne peut pas donner 100 millions de dollars pour développer les technologies de captation carbone. Mais au travers de bonnes pratiques quotidiennes ou d’une démarche de Contribution à la neutralité carbone mondiale, chaque entreprise peut jouer un rôle primordial dans la désaturation de notre atmosphère.