Le retour de la nature en zone urbaine
Le bilan des zones urbaines est loin d’être bon avec plus d’émissions GES que de captation. Surconsommation d’énergie, circulation, production, zones industrielles et artificialisation des sols sont d’autant de facteurs qui amplifient cette balance défavorable. Pour WWF, les agglomérations sont responsables de 67% des émissions de CO2 en France pour 20% de la population totale. Devenir moins énergivores, produire moins de déchets et devenir plus agréables à vivre, telle est l’ambition des villes qui s’engagent pour l’avenir !
La neutralité carbone des villes peut se jouer aujourd’hui sur deux principales leviers : le retour de sols capables d’absorber du carbone et la mise en avant de la nature au cœur de l’aménagement urbain. Concernant le premier axe, il faut donc identifier les lieux favorables pour capter un maximum et surtout, stopper et inverser l’artificialisation des sols. D’autant que les sols bétonnés ou artificiels ne sont plus en mesure d’absorber les pluies abondantes, ce qui créé des inondations souvent catastrophiques. “17,1 millions d’habitants sont exposés aux différentes conséquences des inondations par débordement de cours d’eau, dont 16,8 millions en métropole” (Source. Ministère de la Transition écologique). Si les sols ne sont plus capables d’absorber l’eau, alors le constat est le même pour le CO2 et les autres gaz à effet de serre.
“Aujourd’hui, 9% des sols français sont urbanisés. Le stockage du carbone organique en milieu urbain représenterait 10% du carbone total stocké dans les sols terrestres. Or les sols urbains sont le réceptacle de multiples pollutions qui viennent altérer ces capacités de stockage”. (“Contribution des sols urbains au stockage du carbone …” – OSUNA – Planète et environnement)
La reforestation des villes est l’autre axe sur lequel une stratégie de captation du carbone en ville pourra se construire. Selon la BBC, se basant sur une étude du “Journal of Applyed Ecology”, les arbres urbains apportent une contribution majeure dans la captation du CO2 en ville (étude menée dans la ville de Leicester). Les arbres en terres urbaines sont en effet devenus multitâches, au cœur des enjeux environnementaux. Transformer des sols nus en îlots de fraîcheur ou en “forêts” urbaines créerait de nouveaux réservoirs à carbone forts utiles à la ville.
Pour améliorer le cadre de vie des citadins, des initiatives commencent à émerger. Par exemple, certaines zones industrielles à l’abandon sont devenues de véritables forêts. Ces nouvelles étendues vertes sont quasiment impraticables, elles favorisent ainsi le retour de la faune et sont finalement rendues à la nature. Encore faut-il trouver des terres fertiles à la végétalisation massive en zone urbaine. La ville de Paris s’était déjà confrontée à cette difficulté en tentant de végétaliser deux de ses places sans grand succès. S’engager dans la voie de la reforestation n’est pas si simple, c’est un véritable travail de terrain pour être à la hauteur de ses ambitions. La capitale française compte bien relever le défi et prévoit de planter 170 000 nouveaux arbres d’ici 2026, grâce à la méthode du botaniste japonais Akira Miyawaki.
Les micro-forêts urbaines : un solution durable contre le changement climatique
Comme à Paris, les micro-forêts urbaines suivant les préceptes de Miyawaki, commencent à pousser un peu partout dans le monde. Il faut dire que leurs efficacités n’est plus à prouver, elles remplacent astucieusement 100 m2 d’espace en friche, même en zone urbaine dense et dégradée, en havres de paix pour les habitants et surtout en formidables puits de carbone pour la planète. Cette technique d’aménagement durable repose sur des principes ancestraux inspirés par la nature. Planter des espèces locales pour garantir une comptabilité optimum avec les conditions climatiques de la zone géographique, planter plus dense, à raison de 3 arbres / m2, planter de jeunes arbres et arbustes en motte, planter varié mais uniquement des essences “climaciques” qui appartiennent au dernier stade du cycle sylvigénétique et enfin éviter les essences pionnières à bois tendres et fragiles, afin de recréer la végétation d’une forêt plus mature, voilà les grandes lignes d’un cahier des charges de micro-forêts. L’objectif est de recréer un écosystème forestier rempli de multiples interactions entre les arbres sélectionnés, avec les insectes, le sol, les oiseaux ou encore les micromammifères.
Autre exemple, le projet du Groupe La Poste en Auvergne qui souhaite entourer l’une de ses plateformes de courrier par une micro-forêt. Cette dernière apporterait de nombreux bénéfices, comme l’amélioration de la biodiversité localement, la regradation des sols, la captation carbone bien sûr, l’optimisation des conditions de travail, l’engagement collectif et plus largement l’amélioration du bien être au travail. Il est important de souligner que les bienfaits de l’arbre pour la planète et l’atmosphère sont également depuis toujours intimement liés au bien-être de l’homme.
Eco-cités, Smart-cities, quand innovations riment avec durabilité
Pour limiter les émissions GES urbaines et apporter un cadre de vie sain, les smart-cities (ou villes intelligentes), sont à l’origine de nombreuses innovations pour capter, stocker le CO2 et ne veulent pas rester en marge de la compensation carbone. Des points clés sont au cœur de ces quartiers, comme la végétalisation des toits et des sols pour notamment lutter contre le phénomène d’îlot de chaleur. Les smart grids (ou réseaux intelligents) visent à garantir un approvisionnement électrique vert et durable. Associées, ces innovations forment un véritable réseau d’actions qui se met en place au cœur des écocités pour lutter efficacement en faveur du développement durable.
Comme les quartiers des Rives du Bief à Longvic (Dijon) ou La Duchère à Lyon, Paris se lance elle-aussi dans la création d’un écoquartier nouvelle génération : Clichy-Batignolles. L’arrivée de ces nouveaux modèles urbains à échelle locale, tendent à décarboner avec une nouvelle philosophie d’urbanisme durable. Clichy-Batignolles au cœur du XVIIème arrondissement, est historiquement un quartier de logistique, de transport de marchandise et d’industries. La transition s’est amorcée vers un quartier résidentiel vert et éco-responsable. Les bâtiments aux toits recouverts de panneaux photovoltaïques (35 000 m2) seront moins énergivores et alimentés en chaleur par la géothermie. Ces énergies vertes et faibles émettrices de GES seront associées à des parcs, des espaces verts ou des façades végétales.
Une symbiose urbaine pour une compensation carbone à haut niveau.