Vers l’économie du donut et au-delà : L’entreprise régénérative au service du vivant

Alors que l’économie extractive traditionnelle a conduit à l’épuisement des ressources et à la dégradation des écosystèmes, l’économie régénérative offre une alternative prometteuse pour un avenir plus durable. C’est en son sein que les entreprises trouvent de nouvelles opportunités pour créer de la valeur tout en réparant les dommages causés à l’environnement et en soutenant les communautés locales. Concrètement, en quoi consiste-t-elle ?

En économie, comme l’a dit Aurelien Barrau, astrophisicien et philosophe grand défenseur du vivant, une croissance infinie dans un monde fini est appelé progrès, en médecine on appelle ce phénomène “cancer”. Le mot est fort, mais représente bel et bien l’absurdité du modèle économique dans lequel nous nous trouvons. Une croissance infinie au sein d’un monde aux ressources limitées est foncièrement impossible. Pour pivoter d’un modèle dégénératif à un modèle régénératif, faisons un détour par la théorie du donut développée par Kate Raworth. L’économiste anglaise repense le développement économique à l’échelle mondiale. Elle se base sur l’idée que notre prospérité collective dépend de notre capacité à vivre dans un espace sûr et juste pour l’humanité, située entre deux cercles concentriques.

Le cercle extérieur du Donut, en jaune sur l’illustration ci-dessus, représente les limites planétaires, c’est-à-dire les seuils écologiques que nous ne devons pas dépasser pour éviter des perturbations irréversibles des écosystèmes, comme le changement climatique, la perte de biodiversité ou l’acidification des océans etc. Ces limites sont cruciales pour maintenir l’équilibre de la Terre.

Le cercle en orange à l’intérieur, symbolise quant à lui les fondations sociales, qui comprennent les besoins humains essentiels comme l’accès à l’eau potable, la nourriture, la santé, l’éducation, l’égalité, et la dignité. Il s’agit des éléments fondamentaux nécessaires pour que chaque individu puisse vivre une vie décente et épanouie. Par exemple, un rapport détaillant les initiatives RSE d’une entreprise est qualifié de rapport “extra-financier” illustrant ainsi comment les aspects sociaux et environnementaux sont traités comme des éléments périphériques au lieu d’être reconnus comme des composantes centrales de la performance économique.

Pour en savoir davantage sur l’économie du donut, retrouvez l’article complet d’OpenStudio sur le sujet ainsi que l’analyse critique de bonpote.com sur ce modèle économique innovant.

À l’heure où 6 limites planétaires sur neuf ont été franchies, il n’est plus question de se demander s’il est possible de “changer de logiciel” comme le métaphorise Kate Raworth, mais bien quand le ferons-nous et ne sera-t-il pas déjà trop tard ?

L’économie du donut telle que Kate Raworth la théorise offre un cadre théorique puissant pour repenser notre modèle économique. À ce titre, l’économie régénérative peut être vue comme une extension de l’économie du donut. Si cette dernière définit les limites dans lesquelles l’économie doit évoluer, l’économie régénérative propose des solutions pratiques pour aller au-delà de ces limites en régénérant et en revitalisant les systèmes naturels et sociaux, créant ainsi un cercle vertueux de régénération et de durabilité. Cela représente un passage d’un modèle de simple préservation à un modèle de création active de valeur écologique et sociale, permettant ainsi de bâtir une économie plus résiliente et harmonieuse pour les générations futures.

En conclusion, l’économie régénérative, offre une voie essentielle pour réinventer notre modèle économique à l’heure où les limites planétaires rompent. Ce changement de paradigme n’est plus une option, mais une nécessité pour éviter les catastrophes écologiques et sociales imminentes. Il est temps de cesser de considérer la croissance infinie comme le seul indicateur de progrès et de redéfinir la prospérité en termes de durabilité, d’équité, et de respect des limites planétaires. L’avenir dépend de notre capacité collective à “atterrir par dessein” et à construire une économie qui régénère plutôt qu’elle n’épuise. En tant qu’acteur clé de l’économie, les entreprises, et notamment les TPE et PME, sont en première ligne dans cette transition, en adoptant des pratiques régénératives qui restaurent les écosystèmes et soutiennent les communautés.

Après avoir abordé les principaux concepts et enjeux de l’économie régénérative, nous verrons dans un second article de quelle manière les petites et moyennes entreprises peuvent concrètement intégrer ces principes dans leur fonctionnement quotidien. Nous explorerons des stratégies pratiques et des exemples inspirants qui montrent comment ces entreprises vont non seulement survivre, mais prospérer en devenant des acteurs du changement, contribuant activement à la création d’un futur plus durable et équitable pour tous.