Chaque vendredi, Capitaine Carbone sélectionne pour vous l’essentiel de l’actualité française et internationale autour des enjeux de la neutralité carbone et des questions climatiques.
Greenwashing : sur 1 100 entreprises contrôlées en deux ans, un quart étaient “en anomalie”, selon une enquête de la DGCCRF
Une enquête menée en 2021 et 2022 par les services du ministère de l’Économie a révélé que près d’un quart des entreprises contrôlées au cours de ces deux dernières années étaient en infraction dans le cadre de la lutte contre le greenwashing. Les résultats de cette enquête, obtenus par France info, ont été publiés jeudi par la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF). Au total, 1100 établissements ont été contrôlés, les enquêteurs ont émis 141 avertissements, 114 injonctions et 18 procès-verbaux pénaux ou administratifs. La DGCCRF constate que la majorité des allégations relevées ne renvoient pas à un impact environnemental précis, mais suggèrent plutôt un bénéfice général pour l’environnement. Des allégations telles que “respectueux de l’environnement” ou “éco-responsable” sont présumées trompeuses pour les consommateurs, car les professionnels ne sont pas en mesure de fournir les justifications nécessaires, explique-t-elle. Enfin, la DGCCRF se félicite du fait que, suite à ces contrôles, la grande majorité des professionnels ont ajusté leurs pratiques en modifiant ou en supprimant ces allégations trompeuses.
Riverse lève 1,5 million d’euros
1,5 million d’euros, c’est la somme que la startup française Riverse a réussi à lever pour consolider sa position en tant qu’acteur innovant sur le marché volontaire du carbone et ainsi étendre sa présence en Europe. Fondée en 2021 par Ludovic Chatoux, Grégoire Guirauden et Clément Georget, Riverse est une plateforme de mesure, vérification et monétisation carbone pour les projets Greentechs européens (en particulier les PME actives dans des domaines tels que le biogaz, le reconditionnement, le biochar ou les matériaux de construction biosourcés). L’objectif de Riverse est de permettre à ces entreprises d’accéder aux marchés volontaires du carbone et d’émettre des crédits carbone industriels vérifiables. La levée de fonds permettra à la jeune entreprise française de renforcer sa position sur le marché volontaire du carbone et de s’implanter en Allemagne et au Royaume-Uni.
Inaction climatique : TotalEnergies face à la justice
Une coalition de collectivités et d’ONG poursuit TotalEnergies en justice pour contester ses projets de nouveaux gisements d’hydrocarbures. L’audience au tribunal de Paris s’est tenue ce mercredi 31 mai, mais la décision des juges n’est pas attendue avant 2024 ou 2025. La coalition demande au juge de prendre une mesure provisoire exceptionnelle, à savoir ordonner à TotalEnergies de suspendre les projets d’exploration et d’exploitation de nouveaux gisements d’hydrocarbures non encore investis, jusqu’au jugement de l’affaire sur le fond. De son côté, le pétrogazier français conteste la recevabilité de l’action judiciaire, remontant à janvier 2020, accusant l’entreprise de manquement à son devoir de vigilance en matière d’impact environnemental.
Pour rappel, TotalEnergies est l’une des entreprises les plus émettrices de CO2eq (1% des émissions mondiales de GES). Une étude scientifique italienne parue cette semaine dans One Earth estime qu’il faudrait que les “plus gros producteurs d’énergie fossile” dont fait partie TotalEnergies payent plus de 200 milliards de dollars par an pendant 25 ans pour compenser leur impact sur notre planète.
Dans les Mauges, les haies au cœur d’un marché du carbone
Après une phase d’expérimentation, quatre exploitants agricoles des Mauges se sont engagés à gérer durablement leurs haies pendant cinq ans. C’est par exemple le cas de Florent Lebrun, éleveur bovin biologique à Jallais. Depuis qu’il a rejoint le programme Carbômauges (déclinaison territoriale de Carbocage), Florent a changé les méthodes d’entretien de ses haies sur sa ferme, abandonnant ainsi les pratiques traditionnelles de ses ancêtres. Plus concrètement, ce programme vise à soutenir les agriculteurs dans la gestion durable des haies en créant un marché de compensation carbone autour des émissions de GES captées puis stockées dans ces bocages. Environ 100 km de haies ont été évalués, ce qui a permis de décrire leur typologie, les essences présentes, le potentiel de bois d’œuvre ainsi que leur intérêt hydrologique. Ce projet permet aux entreprises et aux collectivités de la région de pouvoir compenser leurs émissions de carbone (après bien sûr les avoir réduites le plus possible) en achetant des crédits carbone générés par la préservation et la gestion de ces espaces.