Chaque vendredi, Capitaine Carbone sélectionne pour vous l’essentiel de l’actualité française et internationale autour des enjeux de la neutralité carbone et des questions climatiques.
Le réchauffement climatique en France s’annonce pire que prévu
Cette fois-ci, on ne pourra pas dire que nous n’avons pas été avertis. Le 4 octobre dernier, une équipe du Centre national de la recherche scientifique (CNRS), de Météo France et du Centre européen de recherche et de formation avancée en calcul scientifique (CERFACS) a estimé que le réchauffement climatique sur le sol national pourrait être plus intense que prévu. Dans un scénario modéré d’émissions de gaz à effet de serre (GES), la France pourrait subir en 2100, une augmentation de 3,8°C par rapport aux décennies 1900-1930. Les étés quant à eux pourront être en moyenne 5°C plus chaud. On est ici loin des +2°C fixés par l’Accord de Paris pour 2050 (même si ces derniers tiennent pour référence la fin du XXème siècle). Cette étude met également en exergue l’impact des aérosols sur notre perception du réchauffement climatique : « On observe que, jusque dans les années 1980, l’effet des aérosols a masqué le réchauffement climatique, au point qu’il n’apparaît quasiment pas dans les instruments. »
Pour aller plus loin sur l’histoire du réchauffement climatique.
La Métropole de Toulouse dévoile son plan pour (mieux) réduire ses émissions carbone
« Nous devons accélérer sur nos ambitions environnementales », la municipalité de Toulouse annonce le ton. À l’occasion d’un bilan de mi-parcours du Plan climat-air-énergie territorial (PCAET) de la Métropole de Toulouse, Jean-Luc Moudenc maire de Toulouse, annonce vouloir faire plus et plus vite. Et pour cause. Il y a deux ans, la municipalité s’était engagée à réduire de 40% en 2040 ses émissions de GES (par rapport à 2008). Aujourd’hui, sur la continuation des efforts actuels, elle estime pouvoir réduire de seulement 9% ses émissions. Face à ce constat, le maire de la ville rose appelle à la mobilisation de tous (particuliers comme entreprises) et annonce 61 nouvelles mesures pour atteindre son objectif.
La mairie proclame également la mise en place d’un conseil scientifique de la nature en ville qui aura pour mission d’intégrer les enjeux liés à la biodiversité au sein des politiques publiques. Toulouse Métropole a également créé un fonds de compensation carbone des entreprises. « L’objectif est de proposer aux entreprises de compenser localement leurs émissions de GES résiduelles en finançant des projets qui participent à la réduction ou au stockage des émissions carbone et au confort thermique ».
Pour aller plus loin : Le Plan Climat Air Énergie Territorial de Toulouse Métropole
Kering s’attaque au greenwashing avec de nouvelles directives
Pour lutter contre le greenwashing, le géant français du luxe dépoussière son guide « Kering Standards : Standards & guidance for sustainable production ». En lien avec sa politique de développement durable, le groupe propriétaire de Gucci, Saint Laurent ou encore Bottega Veneta, souhaite faire preuve de clarté, de transparence en retirant toute ambiguïté. « Dorénavant, les déclarations génériques, et non-spécifiques, liées à la durabilité, telles que « eco-friendly », « respectueux de l’environnement » ou « green », devront être évitées ». Les produits Kering ne devront plus comporter l’indication « carbon neutral ». À la place, il sera demandé d’informer le consommateur sur les agissements du groupe en terme de réduction de ses émissions et d’indiquer s’il existe (ou non) des programmes de compensation carbone.
« Le greenwashing [ … ] est un sérieux obstacle à la réalisation d’une transition véritablement durable dans l’industrie de la mode et dans le monde entier, car il empêche les consommateurs de prendre des décisions d’achat éclairées ».
Pour aller plus loin : Kering Standards : Standards & guidance for sustainable production
Mondial 2022 : neutre en carbone ou “aberration écologique”, un bilan climatique en question
La prochaine Coupe du monde de football sera neutre en carbone. C’est en tout cas la promesse qu’à tenu Hassan Al-Thawadi, secrétaire général du Comité d’organisation du Mondial. « Nous sommes engagés à assurer une Coupe du monde de football totalement neutre en carbone. Nous y arriverons en mesurant, réduisant et compensant toutes les émissions de gaz à effet de serre associées au tournoi ». Mais alors pourquoi cette promesse nous semble aussi discutable ? Selon le directeur de programme pour Greenpeace au Moyen-Orient Julien Jreissati, cette promesse serait « de la poudre aux yeux ». Selon la FIFA, la compétition mondiale de football en novembre prochain devrait émettre au total 3,6 millions de tonnes d’équivalent CO2. Pour rappel, la Coupe du monde de 2018 en Russie avait émis 2,1 millions de tonnes. Une fois encore, ces affirmations sont critiquées. L’ONG Carbon Market Watch estime que l’empreinte carbone de l’évènement est pour sûr sous-estimé, mais que dans certains domaines comme la construction des infrastructures, le rapport sous-estimerait les émissions de GES d’un facteur huit. « Le Qatar juge en effet que les stades seront utilisés après la Coupe du monde, et donc que leur impact sur l’environnement n’est pas attribuable au seul événement ». Malheureusement, pour un pays de 2,4 millions d’habitants, la pleine utilisation des stades (8 d’une capacité moyenne de 47500 places) après l’évènement reste un scénario peu plausible. Cette manière de fonctionner met une nouvelle fois à mal le mécanisme de compensation carbone qui, lorsqu’il est bien appliqué, permet de réduire les émissions incompressibles d’équivalent CO2.