Chaque vendredi, Capitaine Carbone sélectionne pour vous l’essentiel de l’actualité française et internationale autour des enjeux de la neutralité carbone et des questions climatiques.
Revue de presse #143 du Capitaine
Ecouter la Revue de presse du Capitaine en podcastCOP29 : le Royaume-Uni s’engage à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 81 % d’ici à 2035
Photo de Elena Mozhvilo sur Unsplash.
La COP29 a été lancée à Bakou en Azerbaïdjan cette semaine et boudée par de nombreux chefs d’Etat du G20 dont Emmanuel Macron, puisque la France soutient l’ennemi du pays, l’Arménie. C’est dans ce contexte géopolitique plus que tendu, que se tient cette COP29 décisive afin de trouver de l’argent pour soutenir les ambitions climatiques des pays du monde. Au-delà des polémiques, Capitaine Carbone a choisi de sélectionner un article du journal Le Monde, sur l’engagement du Royaume-Uni très remarqué mardi dernier. Le gouvernement travailliste compte réduire « d’au moins 81 % » ses émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2035 par rapport à 1990. Le premier ministre britannique, Keir Starmer a clairement pris le leadership sur les questions climatiques lors de ce début de sommet à Bakou en réaffirmant qu’ « un problème mondial nécessite également un partenariat mondial et une coopération internationale responsable » et a exhorté « toutes les parties à présenter des objectifs ambitieux ».
Bonus : Le Capitaine vous conseille également l’article du journaliste Emmanuel Clévenot sur reporterre.net qui nous emmène dans les coulisses de cette COP29 dans un pays pétrolier. Un ex-pétrolier à la tribune et du Coca au menu : la COP29 est lancée
Les Français sont de plus en plus climatosceptiques selon l’Ademe
Illustration Adobe Stock générée avec une IA.
En pleine COP29 dans un pays qui défend ses intérêt pétroliers, et après l’élection de Donald Trump dont on connaît l’avis sur le changement climatique, on apprend que les Français sont de plus en plus climatosceptiques. D’après le 25e baromètre des représentations sociales du changement climatique, publié par l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) le mois dernier, près de 30 % des Français pensent que les changements climatiques et toutes leurs conséquences, comme les sécheresses, les inondations, les canicules et les tempêtes, la fonte des glaciers, etc, ne sont que des phénomènes provoqués par la nature elle-même, et ne croient pas vraiment à la responsabilité de l’activité humaine. 30 % de climatosceptiques en France, c’est 7 points de plus par rapport à 2023 et 12 points de plus par rapport à 2020. Malgré les multiple rapports scientifiques, notamment du Giec, il y a de plus en plus de Français qui pensent que les humains n’ont rien à voir avec les déréglements du climat. Néanmoins, Anaïs Rocci, sociologue à l’Ademe, nuance ces résultats : « Tout se passe comme s’il y avait une sorte de sidération vis à vis de l’ampleur des désordres climatiques et qu’on en oubliait la cause réelle. Mais il faut rappeler que la très large majorité est convaincue du changement climatique et des causes anthropiques ».
Climat : la justice néerlandaise remet en cause la fixation d’objectifs chiffrés pour les entreprises
Photo de Tingey Injury Law Firm sur Unsplash.
C’était en mai 2021, le tribunal de La Haye au Pays-Bas avait suivi la demande d’ONG (Milieudefensie, Greenpeace Pays-Bas, etc.) en imposant au groupe Shell de réduire d’au moins 45 % ses émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030, pour se mettre en conformité avec l’Accord de Paris. C’était la première fois que la justice prenait une telle décision. Mais ce mardi 12 novembre, patatras, suite à l’appel de Shell, la cour de La Haye a tout bonnement annulé le jugement rendu en première instance. La cour d’appel reconnaît l’obligation de la multinationale de limiter ses émissions de GES au nom “du droit humain à la protection contre un changement climatique dangereux”, cependant elle remet en question les objectifs chiffrés de réduction des émissions. Donald Pols, directeur de Milieudefensie n’a pas caché sa déception : « Cette décision nous touche profondément. C’est un revers pour nous, le mouvement climatique et les millions de personnes concernées dans le monde ». De son côté, Jérémie Suissa, délégué général de l’association Notre Affaire à tous, a tenté de voir le verre à moitié plein : « Mais [la cour] reconnaît explicitement la responsabilité des entreprises pétrogazières dans le changement climatique. C’est une confirmation très importante pour la suite ».
Le Vendée Globe 2024 percuté par les icebergs, les cachalots et la crise climatique
Photo avant le départ du Vendée Globe dimanche 10 novembre 2024 – Crédit photo : Marie-Charlotte Bion.
Terminons cette revue de presse avec la grande actualité sportive de la semaine et un article passionnant de vert.eco qui analyse l’impact des changements climatiques sur la grande course du Vendée globe. Les 40 skippers sont partis des Sables-d’Olonne dimanche dernier, et cette année, ce tour du monde en solitaire et sans escale évitera deux “zones d’exclusion” pour protéger les animaux marins. Le trajet des skippers a été modifié par l’organisation du Vendée Globe afin d’éviter les endroits où les collisions avec des animaux sont très probables, comme près des Açores, où les rorquals, les baleines et autres cachalots ont un point de passage pour leur migration. L’autre zone d’exclusion se situe au Cap Vert, il s’agit d’un espace de reproduction des baleines à bosse. “C’est gagnant-gagnant, parce qu’on préserve la biodiversité et le bateau.”, explique Renaud Bañuls Architecte naval et skipper qui a défendu l’idée de ces zones d’exclusion.
L’article évoque aussi le témoignage de plusieurs marins qui ont vu pendant leurs traversées les iceberg se décrocher et se mettre sur leur chemin, mais aussi les mers qui se réchauffent et rendent plus violents les phénomènes météorologiques. D’après le skipper Roland Jourdain, truffer les bateaux de nouvelles technologies n’est pas la bonne réponse face à cette météo rendue totalement imprévisible par le changement climatique : «Sur l’eau, on se méfie, on se rend compte que les modèles météorologiques ont du mal à se caler, ça ne se passe pas comme prévu. Le meilleur choix dans ces cas-là, c’est de lever le nez au vent avec un bon baromètre et de regarder les nuages.» Le navigateur Stanilas Thuret renchérit : « Nous ne sommes pas formés à distinguer un rorqual d’un cachalot, nous sommes formés à aller vite. Pourquoi ? Parce que la seule façon d’avoir de la visibilité médiatique, c’est d’être sur un podium et que la seule façon d’aller sur le podium, c’est de déployer toujours plus de tech. »