Chaque vendredi, Capitaine Carbone sélectionne pour vous l’essentiel de l’actualité française et internationale autour des enjeux de la neutralité carbone et des questions climatiques.
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Revue de Presse #131 du CapitaineClimat : en 2023, les “puits de carbone” ont capté 25% de ce qu’ils captent habituellement sur un an
En 2023, les puits de carbone terrestres (sols et forêts) ont capté seulement 25 % de leur capacité habituelle, soit entre 1,5 et 2,6 milliards de tonnes de CO2, comparé aux 9,6 milliards de tonnes absorbées en 2022. Philippe Ciais, directeur de recherche au Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA), explique cette baisse par une sévère sécheresse dans les tropiques, notamment en Amazonie, et par une diminution continue de l’absorption des forêts de l’hémisphère nord, aggravée par des mégafeux au Canada et en Sibérie. Les auteurs de l’étude, inquiets, soulignent que les sécheresses répétées dans les tropiques et les incendies fréquents dans le nord rendent improbable un rétablissement rapide de l’absorption de gaz à effet de serre par les forêts. Cela pourrait accélérer l’augmentation du CO2 équivalent dans l’atmosphère et aggraver le réchauffement climatique. À noter qu’en 2023, la température mondiale a atteint un record de 1,48°C au-dessus de l’ère préindustrielle.
Le 29 juillet dernier, la multinationale française TotalEnergies a renoncé à deux projets gaziers au large de l’Afrique du Sud, une victoire pour les pêcheurs locaux et les associations Bloom et The Green Connection, qui s’opposaient à ces projets depuis octobre 2022. Ces projets concernaient les découvertes des puits de Brulpadda et Luiperd, faites en 2019 et 2020. Ce n’est malheureusement pas un élan de conscience écologique qui a motivé cette décision. En effet, et ce malgré plusieurs tentatives de développement, TotalEnergies n’a pas réussi à s’entendre avec le gouvernement sud-africain sur un prix d’achat du gaz. Selon l’ONG Bloom, cette décision révèle l’inviabilité économique et géopolitique de l’expansion de TotalEnergies dans les énergies fossiles et souligne la nécessité de se tourner vers des solutions énergétiques plus durables et renouvelables.
L’inefficacité des crédits carbone reconnue par la SBTi, cadre mondial de référence pour la décarbonation des entreprises
La Science Based Targets Initiative (SBTi) a récemment reconnu l’inefficacité des crédits carbone dans la réduction des émissions, mettant ainsi en lumière les faiblesses de ces instruments dans le cadre des objectifs climatiques des entreprises. Après avoir été critiquée pour avoir autorisé les crédits carbone dans le Scope 3 en avril, la SBTi a désormais admis que ces crédits, très souvent associés à des projets comme la reforestation, ne garantissent pas les réductions d’émissions promises et peuvent affaiblir l’action climatique globale. Cette révision, saluée par les experts, vise à restaurer la crédibilité de l’initiative, qui se prépare à publier un nouveau référentiel fin 2025. Par ailleurs, la SBTi se sépare en deux entités distinctes pour éviter les conflits d’intérêts, suite aux critiques sur son financement et la démission de son directeur général.
« Les crédits biodiversité pour sauver les espèces sont plus attractifs que les crédits carbone ! »
À l’instar de la crise climatique avec les crédits carbone, la crise de la biodiversité nécessite des outils financiers adaptés aux entreprises pour que ces dernières puissent contribuer à leur manière à la protection et restauration des écosystèmes. Les crédits biodiversité, qui visent à combler ce manque, sont actuellement en pleine émergence, selon Tim Coles de RePlanet. Malgré des objectifs ambitieux fixés par la COP15 en 2022 pour protéger et restaurer 30% des écosystèmes de la planète d’ici à 2030, le coût pour y parvenir pourrait atteindre 200 milliards de dollars par an. Bien que les crédits biodiversité soient complexes à évaluer en raison des variations entre les écosystèmes, ils représentent une voie prometteuse pour attirer les investissements privés nécessaires. La création d’unités de mesure spécifiques pour la biodiversité et la combinaison avec les crédits carbone pourraient aider à développer ce marché émergent et offrir des projets de haute qualité.