Chaque vendredi, Capitaine Carbone sélectionne pour vous l’essentiel de l’actualité française et internationale autour des enjeux de la neutralité carbone et des questions climatiques.
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Revue de Presse #102 du CapitaineRSE : les 6 tendances à suivre en 2024
Pour bien débuter l’année, bpifrance a sélectionné 6 tendances RSE (Responsabilité Sociétale des Entreprises) à suivre en 2024. Les voici :
- Favoriser la formation des employés ;
- Adopter une communication responsable ;
- User de la sobriété énergétique ;
- Promouvoir l’inclusion et la diversité ;
- Suivre l’évolution des réglementations ;
- Participer à la protection de la biodiversité.
Alors qu’en 2023, 8 salariés sur 10 considéraient la RSE comme un des sujets prioritaires à intégrer en entreprise1, 2024 marquera (espérons-le) une prise de conscience généralisée où la RSE ne se cantonne plus aux initiés, mais devient une préoccupation partagée par tous.
Greenwashing : une directive européenne fixe de nouvelles obligations aux entreprises
Nous vous en parlions en juin dernier, la directive européenne CSRD (Corporate sustainability reporting directive) sur le reporting extra-financier des grandes entreprises européennes accroît ses exigences. À partir du 1 janvier 2024, ces sociétés devront ainsi détailler de manière plus précise l’impact de leur activité sur l’environnement. Pour ce faire, la CSRD les contraint à publier de nouveaux indicateurs tels que les émissions de gaz à effet de serre, les volumes d’eau consommés, ou encore l’impact sur les droits humains. Bien que cela représente un effort administratif et financier important pour les entreprises, ces nouvelles obligations visent à éliminer les informations parfois floues voire peu fiables contenues dans les rapports extra-financiers actuels. Ces obligations s’appliqueront progressivement à plus de 50 000 entreprises en Europe d’ici 2028, puisque dans un futur proche (2026-2027) les PME cotées dans le cas où elles dépasseraient deux des trois seuils suivants seront également concernées :
- Un bilan de 350 000 euros
- Un chiffre d’affaires net de 700 000 euros
- 10 salariés (en moyenne sur l’exercice)
À noter que des sanctions sont prévues pour assurer le respect de cette directive, avec une attention particulière portée à la transposition dans chaque État membre pour garantir son efficacité et sa cohérence.
Industries fossiles : les pétroliers arrosent leurs actionnaires de dividendes records
BP, Shell, Chevron, ExxonMobil et TotalEnergies, les cinq plus grandes sociétés pétrolières cotées au monde prévoient de verser plus de 100 milliards de dollars à leurs actionnaires pour l’année 2023, dépassant ainsi leur record de l’année précédente. Ces énormes distributions de dividendes surviennent malgré les manifestations écologistes et les critiques, alors que la rentabilité historique des entreprises, liée à la guerre en Ukraine et aux perturbations sur les marchés mondiaux de l’énergie, leur permet de réaliser de superprofits. Shell a été la première a suscité la colère des écologistes en annonçant une récompense d’au moins 23 milliards de dollars pour ses actionnaires, une somme bien supérieure à celle dédiée aux énergies renouvelables. Plus globalement, ces distributions généreuses surviennent dans un contexte compliqué alors que les industries fossiles font face à des pressions croissantes pour réduire leur empreinte sur l’environnement.
L’intelligence artificielle, une “bombe climatique” invisible
En 2023, l’explosion des usages relatifs aux outils numériques basés sur l’intelligence artificielle (IA) a posé de nouveaux enjeux notamment autour du défi d’évaluation de l’empreinte carbone de ces nouveaux outils. Selon les calculs de Kasper Groes Albin Ludvigsen, fondateur de la Communauté danoise de Data Science, l’utilisation intensive de ChatGPT4 pendant vingt ans émettrait plus d’un milliard de tonnes de CO2 dans l’atmosphère. Un impact colossal à l’échelle mondiale puisqu’il correspondrait à celui d’une bombe climatique. Cependant, le manque de données sur l’utilisation réelle, la consommation énergétique et la taille des modèles d’IA rend difficile l’évaluation précise de l’impact environnemental. Pire encore, les données relatives à ce sujet deviennent de plus en plus opaques et les entreprises tendent à réduire leur communication en la matière. Au-delà de l’empreinte carbone directe de ces nouveaux outils numériques, “l’IA incite à consommer plus” précise David Rolnick, chercheur en intelligence artificielle et spécialiste de son impact sur le changement climatique à l’université McGill. Selon lui : “La plupart des émissions liées à l’IA viennent de ce pour quoi nous les utilisons. Par exemple, les algorithmes pour la publicité sur les réseaux sociaux l’utilisent massivement et cela incite à consommer plus de fast-fashion, un secteur très carboné”.