Chaque vendredi, Capitaine Carbone sélectionne pour vous l’essentiel de l’actualité française et internationale autour des enjeux de la neutralité carbone et des questions climatiques.
Empreinte carbone des Français : quels sont les principaux postes d’émission de CO2 ?
Selon une étude récente menée par le site MyCO2.fr, les français rejetteraient en moyenne 9,9 tonnes d’éqCO2 par personne et par an. Le site a séparé les principaux postes d’émission en cinq grandes catégories. Le secteur des transports arrive ainsi en tête avec 2,6 tonnes d’éqCO2 rejetées annuellement. Une majeure partie de ces gaz à effet de serre est liée à l’utilisation de la voiture (77%). Vient ensuite l’alimentation qui émet 2,35 tonnes d’éqCO2 par habitant. 60% de ces émissions résultent de la consommation de produits animaux. Le logement, les achats de bien et services et les services publics occupent respectivement les troisième, quatrième et cinquième places.
Crédits carbone et déforestation évitée : impact réel ou risque de greenwashing ?
La déforestation fait partie des grands sujets abordés lors de la COP26 avec la décision par 140 pays d’y mettre fin en zone tropicale d’ici à 2030. Les moyens engagés pour freiner cette cause majeure du réchauffement climatique et préserver les forêts prennent souvent la forme de rétributions économiques des acteurs locaux par des sociétés privées. Ces entreprises financent des projets de compensation afin d’obtenir des crédits carbone, impliquant leurs ressources monétaires pour alimenter la transition écologique des secteurs agricoles et forestiers. La pratique de la compensation carbone, bien que vertueuse dans sa démarche, est ainsi souvent assimilée à du greenwashing. Elle permettrait à de grandes sociétés de se donner bonne conscience, d’afficher une image écologiste et altruiste, et de se dédouaner ainsi de leurs responsabilités à réduire leurs propres émissions. Si cette dérive existe, la compensation carbone reste néanmoins un levier important de la contribution à la neutralité carbone. En matière de reforestation, des craintes subsistent cependant autour de l’efficacité des projets à endiguer véritablement l’abattage des arbres, notamment en comparant ces projets à des scénarios dits de référence. Le développement d’études d’impact ont en effet montré une grande hétérogénéité des résultats en fonction des programmes de conservation. Des différences qui peuvent s’expliquer par la nature des porteurs de projets (ONG, entreprises privées) mais également par la diversité de leurs objectifs. En comparant six projets en Amazonie brésilienne, deux économistes ont ainsi démontré que les projets qui luttent uniquement contre la déforestation respectent le principe d’additionnalité, c’est-à-dire qu’ils ont effectivement permis d’améliorer la situation quand on la compare à celle de base, contrairement aux projets, portés généralement par des ONG, qui lient lutte contre la déforestation et développement social. Contre toute attente, les chercheurs Philippe Delacote et Gwenolé Le Velly en ont donc conclu que les entreprises privées ne sont pas forcément moins efficaces que les ONG dans leur lutte contre la déforestation.
Pour aller plus loin :
Les cuisinières à gaz nuisent plus au climat qu’on ne le croyait
Une étude publiée dans la revue Environmental Science & Technology a montré que les cuisinières à gaz libèrent 2,4 millions de tonnes métriques de méthane, même lorsqu’elles ne fonctionnent pas. Ce chiffre équivaut aux rejets annuels de gaz à effet de serre de 500 000 voitures. Lors de l’étude, les chercheurs ont observé et conclu que trois quarts du méthane émis l’était lorsque les cuisinières étaient éteintes. Considéré pourtant comme une option plus respectueuse de l’environnement que le charbon, le gaz perd une partie de son avantage écologique lorsque ces fuites sont prises en compte. « En ce qui a trait aux émissions, cuisiner directement avec du gaz est une meilleur option que l’utilisation d’une cuisinière électrique alimentée par les combustibles fossiles, mais une pire option que l’utilisation d’une cuisinière à électricité solaire » remarque Zachary Merrin, ingénieur à l’Illinois Applied Research Institute. Les fuites de méthane ne représentent pas en soi un danger pour la santé ou en tant qu’explosif, mais il reste conseillé d’aérer la pièce ou d’utiliser une hotte pour se prémunir de potentiels risques.
La première usine de kérosène neutre en carbone ouverte en Allemagne
L’ONG Atmosfair a ouvert le 4 octobre dernier la première usine qui produit un kérosène de synthèse neutre en carbone. Le carburant est synthétisé grâce à du dioxyde de carbone directement capté dans l’air et de l’hydrogène obtenu par électrolyse. Le processus global permet d’obtenir un combustible pour avion qui émet autant de CO2 lors de son utilisation qu’il n’en capture pour sa fabrication, ce qui le rend neutre en carbone. L’installation située à Werlte dans le nord-ouest de l’Allemagne ne produira lors du premier semestre 2022 qu’une tonne de e-kérosène par jour mais espère pouvoir faire rapidement augmenter ce chiffre à l’avenir. La compagnie aérienne Lufthansa s’est déjà engagée à en acheter 25 000 litres par an pendant au moins cinq ans.