Etteliot – Entretien avec une start-up engagée dans la transition écologique
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Etteliot – Entretien avec une start-up engagée dans la transition écologique

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Chaque jour, des entreprises françaises s'impliquent activement dans la transition écologique. Des entrepreneurs engagés et engageants mènent diverses actions en faveur de la protection de la biodiversité, de la réduction de nos émissions de GES tout en promouvant un mode de vie plus durable. En tant que média d'information, il en va de notre responsabilité de vous partager ces initiatives vertueuses. C'est dans ce contexte que Capitaine Carbone s’est rendu à Nantes pour découvrir une start-up au nom pas si énigmatique si on le lit à l’envers : Etteliot. Alexandre Evrard en est le co-fondateur, il a répondu à nos questions sur sa solution qui ambitionne de renverser le monde de l’assainissement !

Bonjour Alexandre, est-ce que tu peux nous parler de ton parcours et de comment est née Etteliot ?

Bonjour Capitaine, j’ai une formation d’ingénieur mécanique spécialisé en conception de produits avec un double diplôme franco-allemand que j’ai obtenu aux Mines de Nancy et à La Hochschule de Manheim. Ensuite j’ai travaillé une dizaine d’années dans l’industrie du nautisme entre la France et l’Allemagne, j’ai commencé par des postes orientés plutôt sur la méthode, l’optimisation de production et la mise en place de process, puis je suis devenu responsable de production sur site. En 2015, j’ai rencontré mon associé, Gustav Sievers, avec qui je partage une grande passion pour les sports de glisse. Nous avons beaucoup voyagé en van dans ce cadre du loisirs, et on s’est vite rendu compte que les toilettes étaient une grosse contrainte ! C’est là que nous avons eu l’idée de mettre nos connaissances en commun (mon associé est chercheur en science de l’environnement spécialisé sur les procédés électrochimiques) pour développer la toilette magique du futur, en tout cas une solution plus pratique et écologique que ce qui existe en ce moment sur le marché.
Photo des témoignages Alexandre Evrard – Confondateur d’Etteliot

Crédit photo : Etteliot.

En quoi consiste cette toilette magique et en quoi est-elle plus écologique ?

Une toilette magique, c’est une toilette autonome et durable. Nous avons conçu des toilettes nomades qui n’utilisent pas d’eau, pas de raccordement, pas de stockage, pas de chimie, pas de compostage.Tout est traité sur place avec notre procédé d’électrolyse qui a une très faible consommation énergétique. Grâce à l’oxydoréduction, on va casser la composition de l’urée et la transformer en ammonium. L’urine devient donc un gaz inoffensif pour l’environnement, une sorte de brouillard qui sortirait comme d’un pot d’échappement (propre). Ce que le boîtier rejette est même bon pour l’environnement, puisque on pourrait complètement réutiliser une partie de la nouvelle composition de l’urine (qui contient du phosphore) comme engrais. Nous développons notre produit en Lean Startup, c’est le mot compliqué pour dire que nous procédons étape par étape. Pour l’instant, nous avons développé un premier boîtier qui ne traite que le urines et qui est déjà en phase de commercialisation. Nous venons juste de lever des fonds et un chercheur nous a rejoints pour travailler sur la deuxième brique technologique qui traitera les matières fécales. Mais notre démarche va plus loin, je parle souvent de solution « durable » parce que cela inclut la partie environnement, mais aussi économique et sociale, il faut que tout soit lié pour moi.
Photo des témoignages Alexandre Evrard – Confondateur d’Etteliot

Crédit photo : Etteliot.

Qui sont les clients susceptibles d’être intéressés par cette toilette nomade sans produit chimique ?

Notre première cible est le véhicule de loisirs qui s’est fortement développé depuis 2020 ce qui correspond à l’arrivée de la Covid. A l’époque, les gens ne pouvaient plus voyager à l’étranger, mais pouvaient quand même se déplacer en France à certains moments, sauf qu’ils et elles n’avaient pas forcément envie d’aller dans une location où d’autres gens étaient passés avant, par peur des microbes. Et comme je le disais ce mode de voyage pose un problème récurrent qui est la nécessité de trouver des toilettes, et si on a des toilettes chimiques, il faut aller les vider tous les deux jours dans des lieux dédiés. Avec les toilettes d’Etteliot, on passe à un mois d’autonomie contre deux jours avec les toilettes chimiques normales. Nous travaillons aussi sur d’autres marchés comme le BTP, nous équipons maintenant des grutiers et grutières qui sont à 50 ou 80 mètres et qui n’ont pas la possibilité de descendre pour aller aux toilettes. On est en 2025 et jusqu’à maintenant la solution pour eux c’était des sacs plastiques ou des bouteilles ! Grâce à Etteliot, elles et ils ont maintenant une solution d’assainissement nomade unisexe, propre et pratique dans ce type de conditions. Dans le BTP, il y a beaucoup d’exemples où aller aux toilettes est une vraie problématique, par exemple si on travaille au sixième d’étage d’un immeuble en construction, il faut descendre à la base du chantier pour remonter ensuite, bref c’est compliqué ! Notre solution est aussi idéale pour les habitants de micro-habitats du type tiny house ou containers (ou des péniches aussi) qui ne sont pas raccordés à un assainissement classique, et qui doivent donc avoir des toilettes sèches, ce qui implique de gérer un compost bien plus complexe qu’un compost de déchets de cuisine. En réalité il y a énormément d’exemples où une toilette magique serait bien utile, et notre grande ambition à terme serait d’apporter un vrai système d’assainissement aux 3 milliards de personnes sur la planète qui n’en ont pas du tout !
Photo des témoignages Alexandre Evrard – Confondateur d’Etteliot

Crédit photos : Etteliot.

L’idée ce n’est donc pas de rester dans un périmètre restreint au travail/loisirs ou à des choix d’habitats écologiques ?

Exactement. Nous voulons apporter une vraie solution pérenne qui n’exige pas d’investissements collectifs énormes pour que tout le monde puisse bénéficier d’un système d’assainissement correct. Imaginez qu’aujourd’hui dans certains pays, des personnes sont contraintes de faire leurs besoins dans les fleuves, et ensuite il faut traiter l’eau pour la rendre buvable ! Si déjà on évitait en amont que les courants d’eau servent de toilettes, cela serait plus simple d’avoir une eau potable ensuite. Cette contamination de l’eau est tout de même l’une des causes principales de mortalité. D’autre part, l’eau potable devient une ressource limitée dans le monde entier, il serait aussi intéressant d’éviter de la gaspiller pour tirer la chasse d’eau dans nos maisons. Nous avons commencé par les véhicules de loisirs, le BTP, le nautisme, etc, parce que c’est là où il y a une vraie contrainte avec les solutions actuelles. Aujourd’hui on constate que si une solution écologique alternative est plus contraignante que l’usage traditionnel, les gens ne vont pas l’adopter, on le voit avec les poubelles à compost que les gens trouvent trop compliquées à gérer. En revanche si on arrive à proposer une alternative écologique plus pratique et qui répond aussi à une vraie « douleur », là ils seront intéressés et le changement sera possible.
Photo des témoignages Alexandre Evrard – Confondateur d’Etteliot

Quelles sont les perspectives 2025 pour Etteliot ? 

Nous allons continuer de développer la commercialisation de notre premier boîtier, et on espère avoir un prototype d’ici la fin de l’année pour notre deuxième boîtier qui traitera les matières fécales avec un autre procédé qui utiliserait de l’hydrogène pour les brûler. L’idée est en fait de revaloriser le gaz qui sort des boîtiers de traitement de l’urine, qui n’est autre que de l’hydrogène, pour s’en servir sur ce deuxième boîtier. La boucle sera bouclée.
Photo des témoignages Alexandre Evrard – Confondateur d’Etteliot

Crédit photos : Etteliot.

Est-ce que tu as quelque chose à ajouter pour terminer cette interview ? 

Oui j’aimerais ajouter que chez Etteliot nous sommes attentifs à être cohérents dans notre démarche, en faisant attention à notre propre empreinte carbone, même si on est une petite société d’une dizaine de personnes. Par exemple, nous favorisons la mobilité douce en fournissant des vélos de fonction à tout le monde, on prendra le train plutôt que la voiture pour nos déplacements, etc… Il faut faire attention à garder du sens et à choisir la durabilité aussi dans nos propres usages.
Photo des témoignages Alexandre Evrard – Confondateur d’Etteliot

Crédit photos : Etteliot.

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