Évaluer et calculer ses émissions de gaz carbonique présente un intérêt certain pour une entreprise. Cette étape offre notamment la possibilité de connaître ses postes d’émission les plus importants et ainsi de mettre en place un plan de réduction carbone pour les freiner efficacement.
Pour identifier mes sources d’émission et engager un plan d’actions efficace et renseigné
Toute entreprise qui s’engage sérieusement dans une démarche de contribution à la neutralité carbone doit commencer par évaluer ses émissions de gaz à effet de serre. Réaliser son bilan carbone est en effet la première étape de la stratégie bas carbone, un passage obligé avant de mettre en place des solutions pour réduire et compenser ses émissions de GES. Un bilan des émissions de gaz carbonique s’organise ainsi autour d’une méthodologie bien précise qui permet de comptabiliser, poste par poste, les rejets de CO2 d’une structure1. Suite à cette récolte de données, un plan d’actions raisonné et efficace qui vise à réduire les émissions de l’entité étudiée peut alors être envisagé puis appliqué.
Pour dévoiler des points d’émission sous-estimés
Il n’est pas rare que le calcul d’une empreinte carbone amène à quelques surprises. De nombreuses entreprises ont pu grâce à ce procédé mettre à jour des points d’émission importants jusque là insoupçonnés par la direction de la structure. Christophe Klotz, Directeur RSE et création de valeur partagée chez Nestlé France en a lui-même fait l’expérience. En juin 2021, lors de la conférence Neutrality (la première conférence en France consacrée à la compensation carbone volontaire2) il est notamment revenu sur les résultats étonnants du bilan carbone de l’industriel spécialisé dans l’agroalimentaire. Contrairement aux prévisions de Nestlé, la majorité des gaz à effet de serre rejetés dans l’air par l’entreprise ne provenaient pas des usines et du transport par camion : « 70% d’entre-elles proviennent de nos matières premières et de l’agriculture et l’on peut ajouter +10% en incluant le packaging, ce qui représente 80% de nos émissions ». Cette anecdote montre que même une multi-nationale comme Nestlé n’était pas au fait des postes d’émission les plus importants de son activité. La possibilité de dévoiler des postes d’émission sous-estimés dépend de la réalisation d’un bilan carbone complet, qui comprend l’ensemble des périmètres de calcul (scopes 1,2 et 3). Sans cela, la démarche vers la neutralité carbone de l’entreprise ne peut être réellement efficiente et se faire de manière exhaustive.
Pour prioriser mes actions de réduction
Une fois les postes d’émission identifiés et les données correspondantes recueillies, un plan de réduction de ses émissions carbone peut être mis en place. Celui-ci permettra de cibler en priorité les secteurs les plus émetteurs de l’activité de l’entreprise, afin d’engager directement des actions de réduction efficaces et impactantes. D’après un récent sondage réalisé par le CJD (Centre des Jeunes Dirigeants) auprès de 750 dirigeants de PME, 46% d’entre eux estiment manquer d’informations sur les enjeux environnementaux pour agir et avoir un réel impact. Les résultats d’un bilan GES et le plan d’actions qui les accompagnent viennent donc pallier ce manque en établissant une trajectoire précise et concrète des mesures à prendre.
Pour anticiper la législation à venir
Même si la législation française actuelle en matière de bilan carbone obligatoire s’applique seulement aux entreprises de plus de 500 salariés en métropole et plus de 250 en Outre-Mer4, la situation pourrait très vite évoluer. La Convention Citoyenne pour le Climat, une initiative du gouvernement français qui réunit une assemblée de citoyens, propose ainsi d’étendre l’obligation de l’évaluation des émissions de gaz à effet de serre à toutes les entreprises du territoire national, TPE et PME comprises5. Également, la modification à venir du décret BEGES qui étendra le périmètre de calcul obligatoire aux émissions indirectes significatives (soit 90% du scope 3) pourrait également toucher dans un avenir proche les petites et moyennes structures privées. Ces tendances témoignent donc de l’intérêt pour les TPE et PME de commencer dès maintenant à se renseigner sur les méthodes d’évaluation de leurs GES (BEGES, Bilan Carbone, GHG Protocol, etc …).
Sources :