Chaque vendredi, Capitaine Carbone sélectionne pour vous l’essentiel de l’actualité française et internationale autour des enjeux de la neutralité carbone et des questions climatiques.
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Revue de Presse #122 du Capitaine– 5,8% d’émissions de gaz à effet de serre en France en 2023 : une (vraie) bonne nouvelle ?
En 2023, la France a réduit ses émissions de gaz à effet de serre de 5,8% par rapport à 2022, selon Gabriel Attal et les chiffres de CITEPA, une baisse supérieure aux prévisions initiales de 4,8%. Cette diminution est due principalement aux secteurs des bâtiments (-5%), de l’industrie (-9%), et de la production d’énergie (-8%). Toutefois, les transports, représentant 31% des émissions du pays, n’ont baissé que de 4%, avec une augmentation notable des émissions des vols internationaux (+16%). Le secteur agricole quant à lui, n’a baissé ses émissions que de 1,6%. Selon l’auteur et d’autres climatologues, cette réduction est davantage conjoncturelle que structurelle puisqu’elle est en grande partie due à une météo douce (2023 étant l’année la plus chaude jamais enregistrée dans le monde), une baisse des prix de l’énergie et le retour en service des centrales nucléaires. Malgré cette réduction, le gouvernement est critiqué pour son manque de mesures structurelles et sa vision sur plusieurs plans climatiques essentiels. Les puits de carbone français, notamment les forêts, absorbent moins de carbone qu’auparavant, nécessitant une baisse accrue des émissions pour atteindre la neutralité carbone. L’article conclu que sans changement profond, la France ne pourra pas atteindre ses objectifs climatiques.
Un collectif de salariés appelle Amundi à cesser ses « investissements néfastes pour le climat »
Un collectif de plus de 1 200 salariés issus d’entreprises comme Alstom, Orange et Ubisoft appelle Amundi, le premier gestionnaire d’actifs européen, à cesser ses investissements dans des entreprises qui nuisent aux objectifs climatiques de l’Accord de Paris. Ils demandent également une plus grande transparence sur l’épargne salariale. Plus concrètement, les salariés dénoncent les investissements du gestionnaire d’épargne du groupe Crédit Agricole dans des entreprises fossiles comme TotalEnergies, BP et Shell, et exigent des sanctions contre leurs stratégies climaticides. Leurs revendications se basent notamment sur un rapport de l’ONG Reclaim Finance qui révèle que 94 % des fonds d’épargne salariale d’Amundi sont investis dans des projets de charbon, pétrole et gaz. En réponse, Amundi affirme vouloir accompagner la transformation des énergéticiens plutôt que de les exclure. Une manifestation devant les locaux d’Amundi a conduit à 173 interpellations tout au long de la journée (103 en début d’après-midi). Les manifestants ont été soutenus par des personnalités publiques, politiques ainsi que des représentants de communautés autochtones.
Enquête. “Mais où va l’argent ?” : dans le far west africain des crédits carbone
Une fois n’est pas coutume Capitaine Carbone met en avant un article de presse payant dans sa revue de presse. Cette entorse à la règle se justifie par la pertinence de cette enquête menée par The Guardian qui révèle les dérives de la compensation carbone volontaire. D’après le média britannique, les crédits carbone au Zimbabwe, censés protéger l’environnement et lutter contre le changement climatique, ont surtout enrichi des spéculateurs au détriment des populations locales. L’enquête porte principalement sur le projet de reforestation Kariba, un programme de compensation carbone couvrant une région de 13 791 km² au nord est du Zimbabwe. Depuis 2011, ce projet a généré plus de 100 millions d’euros, mais seule une fraction a été redistribuée aux habitants. Les infrastructures promises n’ont pas été réalisées, et les villageois se plaignent de ne pas voir les bénéfices. South Pole, l’intermédiaire du projet, s’est retiré en 2023 après des révélations sur la transparence financière et des chasses aux trophées clandestines. La surproduction de crédits sans valeur remet en question l’efficacité de ces projets pour lutter contre le réchauffement climatique.
Une école de la « transformation écologique » pilotée par Veolia et Jean-Michel Blanquer
Terra Academia, créée par Veolia et dirigée par Jean-Michel Blanquer, est une école dédiée à la transformation écologique. Elle vise à former 150 000 personnes d’ici 2030. Outre le géant des services environnementaux Veolia, l’école est financée par des entreprises comme Dassault Systèmes et EDF. Elle propose des formations allant du CAP au master, en collaboration avec des partenaires académiques. Le premier campus a été inauguré à Arras en mars 2024. Terra Academia s’appuie sur un conseil scientifique pluridisciplinaire pour garantir l’indépendance académique. Cependant, des critiques émergent concernant l’influence des entreprises sur le contenu des formations et la concurrence avec les établissements publics. Pour Chiara Pistocchi enseignante-chercheuse de l’Institut Agro, élue à la Commission des Enseignants de l’école de Montpellier « Il y a un risque que les entreprises aient le contrôle sur le contenu des formations. Cela peut créer un précédent dangereux. ».
Lire l’article de Magali Reinert en intégralité dans Reporterre