Chaque vendredi, Capitaine Carbone sélectionne pour vous l’essentiel de l’actualité française et internationale autour des enjeux de la neutralité carbone et des questions climatiques.
Crédits carbone : les start-up se heurtent à la frilosité des agriculteurs
Décrit comme un outil de financement de la transition écologique, les crédits carbone peinent à trouver preneur du côté des agriculteurs. Pourtant, les co-bénéfices d’adhésion à un tel système sont multiples : primes, rémunérations, résilience des sols, etc. D’après Clément Legrand, ingénieur des sols vivants chez Gaïago : « On estime qu’un agriculteur va stocker trois tonnes d’équivalent CO2 par hectare et par an, cela peut représenter une somme d’environ 90 euros par hectare par an ». Un bénéfice non négligeable surtout lorsqu’on sait que la tonne de CO2 relâchée pourrait se négocier à 100 euros en 2027 au lieu de 30 euros aujourd’hui. Pour les start-up qui se sont « engouffrées » dans ce secteur comme intermédiaire entre le marché et l’exploitant agricole, l’ombre du greenwashing pèse aussi du côté des financeurs. Pour Étienne Variot, PDG de Rize : « C’est un marché où il y a besoin de confiance et de transparence, et des acteurs comme les nôtres peuvent mener cet enjeu ». C’est pourquoi une dizaine de sartut-up réunies au sein d’une association, Climate agriculture alliance, luttent pour le renforcement de la confiance dans le marché carbone agricole et notamment éviter le double comptage des crédits.
Centrale à charbon de Saint-Avold : « trop tôt pour dire ce que nous aurons à faire en 2023-24 »
Alors que la France souhaite réaffirmer ses objectifs de neutralité carbone en 2050 et devenir le premier grand pays industriel à sortir de sa dépendance aux énergies fossiles, la possible prolongation du contrat avec la centrale à charbon de Saint-Avold fait polémique. D’après la ministre de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher : « Il est trop tôt pour dire ce que nous aurons à faire en 2023-24 (…) J’attends d’avoir les scénarios de notre expert énergétique et électrique RTE pour tracer la situation de disponibilité des réacteurs nucléaires et la situation de tension sur le marché international en matière de production d’électricité de nos voisins, en particulier de l’Allemagne, pour prendre une décision éventuelle de prolongation d’un an. ». Pour rappel, la centrale du Grand-Est a été rallumée en novembre dernier pour éviter les coupures d’électricité redoutées qui font suite à la crise énergétique que traverse toute l’Europe. Du haut de ces 92 mètres, la chambre de combustion fournirait au réseau d’électricité national jusqu’à 600MWatt soit un tiers de la consommation annuelle des foyers de la région. Toutefois, la ministre rassure et mentionne que chaque tonne de CO2 équivalent relâchée par la centrale sera compensée par des projets de compensation carbone menés dans la région.
Congo : une plantation controversée a expulsé des pygmées de leurs terres
Pour compenser ses émissions de gaz à effet de serre (GES) et ainsi atteindre la neutralité carbone en 2050, TotalEnergies entend planter une forêt d’acacias sur plus de 50 000 hectares au sein des plateaux Batéké en République du Congo. D’après les estimations du géant pétrolier français, le projet BaCaSi permettrait de séquestrer plus de 10 millions de tonnes de GES. Problème, selon plusieurs ONG, TotalEnergie n’aurait apporté aucune preuve de consultation des communautés riveraines et un grand nombre d’entres-elles, directement impactées par le projet, se seraient vu expulsées de leur propre habitation courant 2022. Pourtant, dans un communiqué parvenu en décembre dernier, la multinationale affirme qu’à « court et moyen terme, le projet produira des co-bénéfices sociaux significatifs à travers plusieurs mécanismes tels que l’accès à des terres et aux outils agricoles ». Du point de vue de la biodiversité, le GIEC alerte sur la gestion des monocultures qui consommeraient de grandes quantités d’eau et pourraient jouer un rôle négatif dans le dérèglement des écosystèmes. De plus, Alain Karsenty chercheur au CIRAD, maintient que les arbres en monoculture tels que les acacias présentent un faible potentiel de séquestration de carbone comparé à celui de forêts naturelles.
Taxe carbone, bilan carbone, neutralité carbone : ce qui change en 2023
En ce début d’année, Capitaine Carbone fait un tour d’horizon des principales mesures relatives à l’urgence climatique qui entreront en vigueur le 1er janvier 2023. Au programme :
- la mise en œuvre du mécanisme d’ajustement carbone aux frontières (MACF) au sein de l’Union européenne,
- l’élaboration de la future Stratégie française sur l’énergie et le climat,
- l’élargissement du bilan carbone au scope 3 rendu obligatoire pour les grandes entreprises,
- l’encadrement des allégations de neutralité carbone dans la publicité.
Des mesures, dispositifs et feuilles de route qui viendront renforcer cette année la réponse de la France dans sa lutte contre le dérèglement climatique.