Chaque vendredi, Capitaine Carbone sélectionne pour vous l’essentiel de l’actualité française et internationale autour des enjeux de la neutralité carbone et des questions climatiques.
Greenwashing : AIR FRANCE revient sur son option de compensation carbone sous la pression des associations
Air France admet un “manque de cohérence” et s’engage à “revoir en profondeur” son dispositif de compensation carbone. C’est en tout cas ce qu’a affirmé Vincent Etchebehere, directeur du développement durable de la compagnie aérienne française. Air France évoque maintenant une “contribution à la réduction des émissions de CO2 sur ses futurs vols” et retire de son vocabulaire toute notion de reforestation et de compensation carbone. Pour Romain Morizot, Ingénieur aéronautique, membre de l’association les Ateliers Icare et du collectif Pensons l’Aéronautique pour Demain (Pad) : “Ce résultat montre la force du collectif et de la coconstruction citoyenne entre ONG, salariés et scientifiques.”. C’est au travers d’une tribune mise en ligne sur Reporterre, et d’une pétition de 8000 signatures, que le collectif Pad a été en mesure de dénoncer la communication volontairement biaisée de la compagnie en laissant croire à ses clients qu’il est possible de prendre l’avion sans polluer moyennant un certain pourcentage sur le prix d’achat final des billets. Une fois encore, le cas Air France illustre les dérives d’un mécanisme à la base vertueux. La compensation carbone n’est pas un instrument de communication. Il s’agit d’un outil que possèdent les organisations, entreprises, États, pour contribuer à la neutralité carbone après avoir réduit le plus possible leurs émissions de gaz à effet de serre.
Lire l’artice sur Novethic
Pour aller plus loin : Comment calculer et compenser (correctement) les émissions de CO2 d’un vol en avion ?
La Commission autorise un régime français de 13,5 milliards d’euros visant à compenser les coûts des émissions indirectes supportés par les entreprises énergivores
Hier, la Commission européenne a autorisé “un régime français” dédié aux entreprises membres du système d’échange de quotas d’émission de l’UE (le «SEQE»). La Commission a estimé que “le régime était nécessaire et approprié pour aider les entreprises grandes consommatrices d’énergie à faire face à la hausse des prix de l’électricité”. Dotée d’un budget total estimé à 13,5 milliards d’euros, cette mesure tend à réduire les risques de “fuite de carbone” en venant en aide aux entreprises des secteurs considérés comme fortement exposés voire même désavantagés vis-à-vis de la concurrence internationale (fabricant de vêtements en cuir, producteur d’aluminium, de pâte à papier, etc.). Chaque année, les bénéficiaires admissibles à cette compensation se verront recevoir une avance partielle “des coûts des émissions indirectes supportés au cours de l’année précédente”. La date limite pour le versement des aides pour l’année 2021 est fixée au 28 avril 2023 et le paiement final sera effectué en 2031.
Climat : l’inefficacité du marché européen du carbone dénoncée
Cette semaine, l’ONG du Fonds mondial pour la nature (World Wide Fund for Nature, WWF) révèle que les entreprises membres du SEQE-UE auraient reçu 110 milliards d’euros de quotas d’émissions gratuits de la part de l’Union européenne au cours de la période 2013-2021. Une somme qui représente plus de la moitié des émissions du SEQE (53 %) et qui se trouverait nettement supérieur à ce que les Etats ont gagné sur le marché européen du carbone (environ 88,5 milliards d’euros). L’ONG remet également en cause la gestion des revenus issus de ce marché. D’après le rapport, plus d’un quart des montants, soit environ 12 milliards d’euros ne seraient pas utilisés pour des actions climatiques, mais pour d’autres projets jugés inutiles comme “la compensation du prix du carbone ETS (Emissions Trading Schemes – ETS), la modernisation d’infrastructures pour le charbon ou encore le passage du charbon au gaz”.
Pour aller plus loin : Lire le rapport de WWF “Où va l’argent ?”