Chaque vendredi, Capitaine Carbone sélectionne pour vous l’essentiel de l’actualité française et internationale autour des enjeux de la neutralité carbone et des questions climatiques.
Restorify, l’outil pour compenser l’empreinte carbone de ses achats en ligne
Le spécialiste de matériel informatique pour gamers Razer n’a pas manqué l’occasion de la COP27 pour présenter son nouvel outil de compensation carbone. Déployée par Razer Fintech (la branche financière de l’entreprise singapourienne), l’application Restorify permettrait à n’importe quel consommateur de devenir consom’acteur et d’ainsi pouvoir compenser l’empreinte carbone des articles achetés en ligne. De façon plus concrète, à la fin du processus d’achat (que ce soit sur le site Razer ou celui d’un e-commerçant partenaire) l’outil vient indiquer l’empreinte carbone du produit au consommateur et lui proposer un moyen de compenser sa commande via l’achat de crédits carbone. Dans une logique de transparence et pour éviter tout double comptage, Razer affirme disposer d’un large éventail de crédit carbone certifiés en provenance de différents projets de compensation. En effet, l’entreprise informatique annonce avoir travaillé avec le fournisseur de solutions énergétiques renouvelables GoNetZero, ainsi que ESGpedia une entreprise spécialisée dans le traçage des crédits carbone. Pour autant cette initiative inquiète. Car si dans la forme l’outil séduit, dans le fond, des dérives peuvent émerger. Contrairement à ce que Restorify affirme, ce logiciel ne vient pas responsabiliser le consommateur, mais plutôt déresponsabiliser le fabricant et/ou la marketplace qui propose les produits. Et même si la plateforme se voit obligée d’indiquer l’empreinte carbone du produit mis sur le marché, c’est au consommateur de faire un effort supplémentaire pour compenser cette empreinte carbone. Ce mécanisme pourrait alors inciter à produire comme avant, voire davantage, sans pour autant réduire les émissions liées au processus de fabrication du produit lui-même.
Neutralité carbone : l’ONU trace des «lignes rouges» pour contrer le greenwashing des entreprises
« Nous ne devons avoir aucune tolérance pour le greenwashing sur la neutralité carbone », s’est exclamé le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres dans un discours donné lors de la 27ème conférence des parties le mardi 8 novembre en Egypte. L’organisation des Nations Unis souhaite ainsi réaffirmer sa position en “traçant des lignes rouges” pour contrer les pratiques d’écoblanchiment que peuvent mener certaines entreprises. Durant 7 mois, un groupe de 17 experts de l’ONU, le High Level Expert Group on Net Zero (HLEG) s’est attelé à l’élaboration de 10 recommandations détaillées dans un rapport publié en début de semaine dernière. Parmi ces recommandations figure le fait de réduire les émissions de gaz à effet de serre avant de chercher à les compenser ou encore arrêter tout financement de nouveaux projets d’énergie fossile. Selon le rapport “Les villes, régions, organismes financiers et entreprises ne peuvent pas revendiquer la neutralité carbone tout en continuant à construire ou investir dans de nouvelles sources d’énergies fossiles”. Sans se dédouaner, Antonio Guterres appelle donc chaque entreprise à prendre ses responsabilités dans un combat qui selon le président américain Joe Biden, menace “la vie même de la planète”.
Pour aller plus loin : consulter le rapport du HLEG
Décarbonation des entreprises : Macron propose de passer de 5 à 10 milliards d’euros d’aides
En pleine COP27, le président de la République Emmanuel Macron a appelé à l’Elysée ce mardi 8 novembre, les représentants des cinquante sites industriels français les plus émetteurs de gaz à effet de serre (GES). Étaient conviés : différents sites de sidérurgie d’Arcelor Mittal comme l’usine de Dunkerque ou celle de Fos-sur-Mer, des cimenteries (Vicat, Lafarge, Calcia), des fabricants d’engrais (Yara ou Borealis), ou encore des raffineries comme celles d’ExxonMobil et TotalEnergies en Normandie. Au total, ces industriels représentent 20 % des émissions nationales d’équivalent CO2. À ce titre, le président français entend faire des efforts et allouer une enveloppe de 10 milliards d’euros pour les accompagner à décarboner leur activité. “Si des projets et des sites sont identifiés d’ici à 18 mois, si vous doublez vos efforts (..) nous doublerons les moyens consacrés à cet enjeu et passerons l’enveloppe de 5 à 10 milliards d’euros d’accompagnement” a déclaré le président. De cet argent, les industriels en auront besoin, car si la France souhaite comme elle l’annonce, contribuer à la neutralité carbone, elle devra réduire ses rejets de gaz à effet de serre à hauteur de 80% d’ici à 2050. Cette proposition place une fois de plus les grandes entreprises face à la décarbonation forcée de leur activité.
COP 27 : une première semaine mitigée pour les ONG
À quelques heures de la cérémonie de clôture de la 27ème conférence des parties à Sharm EL-Sheikh en Egypte, le bilan de la première semaine semble mitigé. Après avoir rappelé leurs efforts (plus ou moins conséquents) dans cette lutte contre le réchauffement climatique, la plupart des dirigeants ont appelé selon l’article à : “renforcer et réformer le financement international du climat”. Cette piqûre de rappel à destination des pays développés vient une nouvelle fois montrer la nécessité d’une coopération internationale pour financer l’adaptation des pays du Sud face au réchauffement de la planète. En réponse, la présidence allemande du G7 a lancé une nouvelle structure pour aider financièrement les pays les plus vulnérables face aux catastrophes climatiques. Une enveloppe de 210 millions d’euros sera donc accordée aux 58 pays membres du V20, le groupe des pays les plus vulnérables au dérèglement climatique. Pour autant, la majorité des ONG environnementales déplorent le manque d’inventivité des pays à concevoir un instrument financier dédié aux pertes et dommages. “Le Bouclier mondial contre les risques climatiques ne peut se substituer à la création, dès cette COP, d’un instrument financier dédié aux pertes et dommages.” dénoncent les ONG du Réseau action climat (RAC). Concernant les annonces individuelles fortes de cette première semaine, le président des États-Unis, Joe Biden réaffirma dimanche dernier son objectif de réduction des émissions de GES de moitié d’ici à 2030. Là aussi, un certain sentiment de frustration et de méfiance ressurgit du côté des ONG. Selon Jeff Ordower, directeur de 350.org en Amérique du Nord, pour que les USA puissent aller plus loin dans la transition écologique : « Le président Biden doit renforcer son leadership dans le domaine de l’environnement, en bloquant l’approbation par les autorités fédérales de tous les nouveaux projets de combustibles fossiles qui menacent les populations américaines dans tous les États-Unis et contribuent au chaos climatique dans le monde entier. ».